1°)Passé
du Bioéthanol
L’histoire du
bioéthanol n’est pas aussi juvénile que
l’on souhaiterait le croire, totalement liée au
développement durable et
écologique.
En effet on
parle de
biocarburants dès les débuts de
l’industrie de l’automobile. Nikolaus Otto,
l’inventeur du moteur a explosion avait conçu et
adapté son invention pour
fonctionner à l’éthanol, un alcool
obtenu notamment par synthèse chimique après
gazéification de produits carbonés, en
particulier du bois. De son coté, Rudolf
Diesel, inventeur du moteur a combustion, utilisait de
l’huile d’arachide pour
faire fonctionner ses machines. Enfin la très
célèbre Ford T roulait quand à
elle totalement au bioéthanol.
Mais avec
l’arrivée du
pétrole bon marché sur le marché des
carburants, les consommateurs et les
industriels délaissèrent les biocarburants au
profit de ce qui allait devenir
le carburant le plus utilisé du siècle.
Après
le premier (1973) et
second (1979) choc pétrolier la question se tournait vers la
reconsidération
des biocarburants. De nombreuses recherches virent le jour vers les
années 80,
mais pour finalement être abandonnées
après le contre-choc pétrolier de 1986
qui fit redevenir le pétrole peu coûteux et
très bon marché qui bien sur attira
de nouveau les consommateurs et industriels qui avaient
tenté de se tourner
vers un or noir plus vert.
Coup de
théâtre un
renouveau dans l’intérêt des
biocarburants apparu avec la nouvelle hausse du
prix du baril de pétrole au début des
années 2000, dépassant même la barre
des
50$ le baril, ainsi qu’avec l’émergence
d’un idéal écologique et de la lutte
contre l’effet de serre.
2°)Situation
actuelle
du Bioéthanol
Aujourd’hui
les
gouvernements multiplient les subventions et allégories des
biocarburants étant
donné l’instabilité du prix du
pétrole ainsi que des pays l’exportant.
a-Situation en France
En 2005, les
biocarburants
deviennent de plus en plus intéressants
économiquement parlant, vu
l'augmentation du prix du baril de pétrole. De plus, vu
l’importance des terres
cultivables en France la production de bioéthanol y est ici
grandement
facilitée. De plus en plus d’industries voient le
jour, qui dans un futur plus
ou moins proche, permettront de faire baisser les coûts de
fabrication de
celui-ci. L’Etat de son côté essaie de
rendre ces biocarburants plus attractif
en les détaxant partiellement de la TIPP
(Taxe intérieure sur les produits pétroliers), ce
qui
compense en partie les surtaxes du aux carburants fossiles les
composant (le
pétrole est une ressource non renouvelable, et sa combustion
dégage des gaz à
effet de serre). De plus toute cette nouvelle industrie est porteuse de
beaucoup d’espoirs, étant donné
qu’elle sera demandeuse d’emplois en masse et
qu'elle se base sur la culture intensive de
végétaux.
Actuellement,
la
production de biocarburants est plus coûteuse que la vente de
pétrole, mais
plus pour longtemps, car on estime qu'à partir d'un prix du
pétrole de
70$/baril, l'équilibre sera réalisé
avec les plus compétitifs des
biocarburants.
La France a
décidé de rattraper son retard sur la
législation
européenne en incorporant 5,75 % de biocarburants
aux produits fossiles.
Dès 2008 elle compte atteindre ces objectifs, alors que la
directive européenne
l’estime pour 2010, mais les capacités de
production risquent de ne pas suffire
pour tenir ce court délai. Elle accordera un soutien
expérimental à la solution
flex fuel en 2006.
En 2005,
500 000
tonnes de biocarburants (400 000 tonnes de biodiesel et
100 000
tonnes d'éthanol) ont été
incorporés aux 40 millions de tonnes de carburants
consommés dans les transports ; la France
dépasse donc de très peu 1 %, alors
que l'objectif fixé par le Conseil et le Parlement
européen est de 5,75 %
en 2010.
Thierry
Breton, ministre
de l’écologie a lancé un groupe de
travail sur le projet flex fuel le 7 juin
2006, visant à développer une filière
française du bioéthanol. Il a confié
le
pilotage de ce groupe de travail à Alain Prost.
L'objectif
d'ici 2010 est
que les personnes souhaitant acheter un véhicule puissent
choisir entre essence
et bioéthanol sans contrainte supplémentaire.
b-Situation
dans le Monde
Les plus
grands
producteurs de biocarburants du monde sont les États-Unis
pour le biodiesel.
Pour le bioéthanol, les deux plus grands producteurs sont
les États-Unis et le
Brésil avec 16 et 15,5 milliards de litres produites en
2005, alors que l'Union
européenne n'a produit que 900 millions de litres (dont le
principal producteur
est l'Espagne).
Après
le 1er choc
pétrolier de 1973, le Brésil puis les Etats-Unis,
cherchant à diversifier leurs
sources d’énergie, se sont lancés dans
des
programmes de production
de bioéthanol, projet ambitieux, destiné
à être
mélangé à l’essence
utilisée dans les
transports.
Le bioéthanol est donc déjà
considéré comme un substitut
stratégique aux
carburants fossiles aux Etats-Unis et au Brésil, un
carburant produit par lui-même, prêt
à fournir le marché en cas de crise
énergétique.
Le Brésil donc, mais aussi l’Australie,
l’Afrique du Sud, la Thaïlande, la Chine,
l’Inde ou encore
l’Ukraine ont adopté des politiques
énergétiques parallèles avec la
production
de biocarburants.
En 2005, la
production
mondiale de bioéthanol dépassait les 450 millions
d'hectolitres (MhL). Le
Brésil et les Etats-Unis assuraient à eux seuls
près des trois quarts de la
production mondiale.
Aux Etats-Unis, la production de bioéthanol était
évaluée à 112 MhL en
2003, contre 76 MhL en 2001.
Au Brésil, En 2005, plus de 160 MhL d'éthanol
auraient été produits. En 2010,
les prévisions portent sur 185 MhL.
Si
la France
est la première productrice d’alcool,
c’est
l’Espagne qui produit le plus de bioéthanol
destiné
à la
carburation.
491.040
tonnes de
bioéthanol et 1,9 million de tonnes de biodiesel avaient
été produites fin 2004
dans les 25 pays de l'Union européenne.
La fabrication de bioéthanol est concentrée sur 5
pays (France, Espagne,
Pologne, Allemagne, Suède), celle de biodiesel sur 3 pays
(France, Allemagne,
Italie).
3°)L’avenir
du
bioéthanol
Les biocarburants ne peuvent
probablement pas être
considérés comme une solution à long
terme, et leur développement restera très
certainement limité. En effet, il a
été estimé que sur la base des
consommations de 2004, il faudrait des surfaces de production six fois
plus importantes que celle de la surface de la Terre,
si l'on voulait remplacer tous les carburants fossiles par des
biocarburant tels que le Bioéthanol. De
plus, de nouveaux problèmes écologiques
apparaissent : les surfaces
agricoles dédiées à la production de
biocarburants ne remplacent pas
l'agriculture existante mais empiètent sur les espaces
naturels, et plus
particulièrement la forêt, surtout dans les pays
du sud. En effet,
en Malaisie, on estime que 87% de la déforestation serait
liée à la production
d'huile de palme, et les forêts
défrichées sont brûlées
(rejetant des doses
supplémentaire de CO2 dans
l'atmosphère qui ne sont pas
réabsorbées). Pour finir, l'agriculture intensive
utilise une énorme quantité
d'énergie (29 % supérieure à
l’énergie contenue dans ce bioéthanol
selon
des chercheurs américains) et rejette des substances
polluantes mauvaises pour
l'environnement.
Si les
biocarburants ne
peuvent ainsi qu'être une réponse ponctuelle au
niveau mondial, ils
pourraient en théorie
être une mine d’or pour
quelques pays précis. Par exemple, Madagascar, relativement
peu peuplé, et
faisant parti des pays les plus pauvres du monde, ne consomme que
12.000 barils
de pétrole par jour. Produire l'équivalent en
biodiesel ne nécessiterait que
quelques 4.000 km² de jatropha, plante au fort
potentiel éthanoïque,
ce qui ne paraît pas insurmontable (moins de 1 % de
la surface du pays).
By
Valentin Hervé
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